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Premier état de ma définition de la culture populaire…
Introduction
Une amie sociologue me demande, mais qu’est-ce que la culture populaire ?
Relation et Environnement
La nommer la culture de l’intuition en complémentarité de la culture de la raison ne suffit pas, cela appauvrirait la pratique de celles et ceux qui au quotidien la vivent, sans parfois même le savoir.
La culture populaire s’exprime à partir d’une posture d’humilité, celle qui s’acquière pendant la transformation de la matière, lors d’une fréquentation régulière avec des formes d’expression particulière à la nature.
Cette posture d’humilité s’est développée par l’expérience vécue et transmise depuis d’innombrables générations, qui se dédient à en retenir l’essentiel engrammé dans la mémoire des nos corps.
L’environnement et son langage
Les peuples, qui vivent en contact quotidien avec les éléments savent qu’il est inutile de chercher à les contraindre ou à les combattre, il est préférable d’observer ce qui s’exprime et de s’y adapter.
Les cultures populaires naissent de cette adaptation.
Henri Poincaré : “ Considère le corps comme fondement de représentation de l’espace”
Un corps, s’éveille par l’écoute de la nature quand il découvre son langage, accueille ses fréquences, ses rythmes.
Ses rythmes sont ceux du souffle des battements du cœur, ils permettent de nous accorder, de nous régénérer, d’oublier l’effort.
De cette posture sont nés beaucoup de courant musicaux, le “Blues” en est le plus connu.
Langage et image
Transmettre c’est choisir, rassembler les informations au fil des influences, afin d’en rendre perceptible une complexité pouvant faire “Image” dans le langage articulé, ou la gestuelle corporelle.
L’image et sa formation
Si transmettre c’est choisir, choisir c’est aussi aimer autant ce qui est dit, que celui ou celle qui va entendre.
Les dictons ou proverbes sont des contactions de pensées, des raccourcis qui mènent à un sens ayant pour rôle d’être compris par le plus grand nombre.
Dans le proverbe, qui sans doute est présent dans toute l’Europe ;
“Celui qui est libre et en bonne santé, est riche et l’ignore”, s’exprime et se partage
un sens auprès de ceux et celles, qui par maturité savent à quel point la santé est précieuse et la liberté appréciable quand le corps répond à nos demandes et nécessités.
Ce simple proverbe renvoie à une série de réflexions où chacun peut à sa façon se situer dans l’espace de l’expérience vécue ou non encore acquise.
L’image poétique et espace théâtral
Les formes ludiques, humoristiques ou malicieuses, voir symboliques, sont souvent utilisées pour éveiller la curiosité de ceux qui ont le courage d’aller explorer un sens caché.
Le flux d’images contenu dans les conversations croisées des cafés ont influencés les poètes surréalistes. Être témoin de la liberté des autres, ouvre la fenêtre de la poésie, stimule les perceptions théâtrales, libère et assouplit les conventions, si nécessaires à l’entendement d’un sens partagé.
L’espace théâtrale est commun, il débute là où les témoins considèrent qu’une scène est suffisamment riche, pour qu’une réplique soit lancée à celui ou celle qui fera sens avec, les scènes s’ouvrent et se diluent dans le grand théâtre du quotidien.
Ainsi émergent des formes d’expressions orales ouvertes qui ont la capacité d’accueillir l’expérience, la sensibilité et le pouvoir d’improvisation de chacun. Cette souplesse intérieure s’acquière pendant la relation entre acteurs et témoins pratiquants cette culture.
La forme d’une image dans la culture populaire ouvre autrement sur le monde, rien n’est imposé car les niveaux d’expériences sont divers et l’information doit être accessible à toutes les générations simultanément, pour que chacun en dégage un message suivant son degrés d’expérience.
Les formes des brèves de comptoir ne sont pas simples par manque de culture, mais plutôt formées pour être accessibles et pousser les amateurs de répliques à la participation.
L’on peut penser que c’est le cas de toutes les informations transmises, que cela n’a rien de particulier à la culture populaire !
Complémentarité des formes culturelles
Les différences entre ces deux joyaux culturels, que sont ces deux formes de transmissions, sont aussi ce qui les rend complémentaires.
L’un est l’anneau, l’autre est le doigt, aucun n’a de sens sans la présence de l’autre.
La culture de la raison, compose et structure le fond de l’individu, ordonne les idées et ses formulations avec efficacité, afin que ceux qui les reçoivent les assimilent et puissent au mieux les transmettre.
La culture populaire est intuitive et corporelle tout est assimilé par la confiance que scelle l’expérience vécue en commun.
Les constats sont ensuite partagés et éprouvés par la pratique de chacun sans qu’aucune règle d’utilisation ne soit imposée, car l’improvisation est vécue au quotidien.
Si des règles deviennent nécessaires, elles sont éprouvées naturellement lors des échanges, afin que les gestes ou les savoirs transmis soient ajustés ou accordés aux situations.
Transmission de formes par le paysage
Dans nos campagnes les cultivateurs et les artisans ont inscrit leurs connaissances au sein même du paysage.
Les courbes et orientations des rues de nos villages, s’adaptent aux mouvements des terrains, au sens du vent, aux présences des intempéries, à la lumière.
C’est une forme d’écriture qui dialogue avec la terre, qui enseigne à ceux qui l’observent comment être là et l’habiter.
La culture de l’intuition ne s’impose pas, elle s’inclue, cherche une vérité transmissible et compréhensible par les générations futures.
La matière était difficile à transformer, ce qui était construit devait l’être pour longtemps, afin que l’effort porté par l’ouvrage soit apprécié à sa juste valeur et devienne civilisateur.
Le processus de transmission n’était pas vraiment pensé, il était une nécessité de survie du groupe, qui secrétait naturellement lors des rapports de travail ou de vie quotidienne, ce qui devait se faire pour qu’une expérience et un savoir perdure.
Le corps et son langage
C’est dans le travail de la terre, socle de développement de la culture populaire, que s’inscrit le langage corporel, qui peut être considéré dans ce contexte, comme un langage universel.
Chaque paysan sait qu’il doit d’abord observer avant de s’inclure dans le mouvement, d’un groupe au travail.
Un nouvel acteur exprime ses qualités autant par sa façon “d’entrer dans la danse”, que par son habileté à façonner ou à construire.
C’est un processus complet, où la reconnaissance s’acquière par l’interaction entre travailleurs.
Les plus résistants étaient reconnus et encouragés par des défis, poussés à résoudre des situations qui renforçaient la cohésion du groupe, car tout était partagé. Résister et résoudre était une clef de survie, c’est encore le cas dans beaucoup de régions du monde.
Loisirs des corps et transmission
Cette expérience collective vécue pendant des siècles, s’est renforcée au fur et à mesure que le progrès a transformé nos vies et influencé notre sens de l’effort. Le rôle de l’effort change, il perd sa fonction première.
Les sportifs par exemple, récoltent toute l’attention et la reconnaissance qui autrefois était partagée au sein du groupe.
Le succès que rencontre le football, est (d’après moi) une réminiscence inconsciente, un déplacement ludique du processus de partage vécu pendant l’effort au travail, en vue de vaincre une adversité.
Vaincre l’adversité ne demande pas seulement de la force ou du courage, mais aussi de savoir repartir les efforts en fonction des capacités naturelles de chacun. Une victoire se prépare, les paysans et les artisans sont entraînés à élaborer des stratégies, à improviser en commun pour atteindre un but.
Si un groupe au travail prouvait par sa cohésion ses capacités à résoudre et à être victorieux face à l’adversité, c’est au moment des moissons que se fêtaient ces victoires, celles d’avoir engranger les céréales avant l’arrivée des orages.
Conclusion
La mécanisation a soulagé les corps, mais aussi apporté son lot de problèmes car les phénomènes de construction des personnalités se sont déplacés et leurs modes d’expressions se sont réduits considérablement, les communautés se sont affaiblies.
Quand une situation pénible est résolue par la présence d’une machine, un nombre considérable d’hommes n’ont plus accès au processus de construction et de valorisation par la reconnaissance sociale que le travail accompli apporte.
Le véritable appauvrissement est là, car le regard de l’autre nous enrichit et aide à tenir face aux difficultés de la vie.
Un équilibre nouveau reste à découvrir, pour répartir les richesses et les efforts, pour apaiser les rivalités, stimulés par une peur inconsciente de manquer.
De manquer de nourriture, d’affection, de reconnaissance, notions fondamentales nécessaires au rétablissement d’un minimum de confiance dans nos relations.
Pour que la confiance s’exprime nous avons besoin de nous accorder à de nouveaux espaces de partages, d’adapter nos systèmes de valeurs afin de dissoudre le ressentiment social et la douleur, qui naît de l’isolement.
La culture populaire participe à la richesse contenue au sein de l’intelligence collective, il serait bon qu’elle soit reconnue comme une source créatrice de solutions.
Car s’il n’y a pas de corps sans esprit, pas de beauté sans monde, ni de plaisir sans partage.
Ce qui nous réunit universellement, est l’amour que nous portons à la beauté du monde.
Pour un Réalisme Poétique accessible à Tous.
Pour une restitution des fagots de sarments dans nos paysages de campagne.
Pour une réapparition des bouteilles pouvant être cachées derrière les fagots.
Du retour des champignons à Paris.
Du retour des saucisses à Toulouse, lassent de vivre hors de leurs terroirs. Pour l’érection d’un monument créée en honneur à nos chèvres, qui depuis des siècles dans le plus grand anonymat, dédient leurs existences au devenir de nos fromages.
D’une demande, formulée de manière collective, pour que le bonheur revienne dans le pré.
Pour qu’une fête soit mondialement organisée le 10 août de chaque année en l’honneur des paysans de la terre, afin qu’ils soient reconnus comme les plus grands artistes de Land Art de tous les temps.
Du retour du tas de fumier dans nos fermes, afin que nos poules revivent dignement leur sens de la décoration et remplissent leurs rôles culinaire et civilisateur.
D’un appel à la réapparition des mares aux alentours des métairies, afin que les canards se retrouvent et s’épanouissent, pendant leur engraissage près de chez nous.
Du rétablissement d’un format de bottes de paille pouvant être utilisé par les enfants pour construire leurs cabanes.
Pour une préservation de nos charcuteries sans conservateurs.
De la protection de la barde comme étant la meilleure couverture naturellement bio dégradable.
Du retour des charrettes et des chevaux sur nos routes de campagne, seuls capables de nous protéger de l’excès de vitesse et de la présence de ralentisseurs trop coûteux pour les collectivités.
De la protection des ânes, pour que nous puissions continuer à médire sans porter préjudice au règne animal.
De la restitution des souris à nos chats pour les protéger d’une consommation excessive de croquettes.
De la restitution des renards à nos poules, sans lesquels elles n’ont plus de raisons d’avoir peur.
Pour un retour des gens dans nos églises, principaux soutiens de nos bistrots et petits commerces dans nos villages.
De la protection du sens donné au vin comme étant sang de prophète, afin qu’il soit considéré comme un aliment civilisateur et reconnu comme étant le meilleur remède pour échapper à l’alcoolisme.
De l’obligation de restituer à chaque village de France et d’Europe le café tabac afin que la culture populaire reste accessible à tous ceux qui désirent la connaître, la comprendre et participer à sa transmission.
José Manuel Massano